Nuit, grande gueule puante, sans fond, Nuit, effrayante, effarante, Nuit incroyable. Incroyable, c’est le mot ! L’incompréhensible horloge céleste étouffe, Tarit le souffle fragile Qui tout à l’heure m’imposait l’écriture. Nuit, grande rivale, Effeuillaison de mon enfance, entonnoir Qui aspire toute promesse. Nuit, agonie de ma soif Qui ne peut franchir les limites terrestres… Ô, moribonde ma soif Au point que la littérature me dégoûterait Sans cette intuition tenace d’un possible, D’un ailleurs, d’une énigme Qui interroge ce cœur brûlant au bord Des mots, des mains, des yeux, Sans cet incompréhensible amour Qui bouscule mon sang, précipite mes mots, Folle et frêle embarcation, Vers la chute de mon poème.