C’était un petit nuage de bonté Qui déambulait vaguement triste dans le ciel, Un ciel bleu, limpide comme la cruauté. C’était un homme. (Un homme… est-ce possible Quand sous la fière carapace des ans, On porte comme un enfant un petit paquet De terreur muette qui ne s’avoue pas être ?) C’était un homme donc, à sa fenêtre, Par dessus les toits de la ville, Qui observait un petit nuage trop frêle et petit Pour soulager son âme défaite. Et rien, rien dans cette prison sans murs Pour soulager son âme défaite. Mais quel homme aussi seul eût cherché secours Auprès d’un simple petit nuage de bonté Déambulant dans le ciel lisse d’un dimanche d’août ? Quel homme ? Lourd est le regard de l’homme, Trop lourde sa solitude pour voyager dans le ciel… Alors le petit nuage de bonté se sentant inutile S’évanouit dans la nue comme neige au soleil, Laissant l’homme contrit, Arrimé au silence de la ville.