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jean-françois Feuillat

Ankou

Ankou


Le soleil  se perd dans les brumes,
mystère des ifs noirs.
Sous l'ardoise un feu de tourbe fume,
des ombres sur le lavoir.

Je contemplais dans l'horizon ouvert
les oiseaux qui fusent sur la vague lisse, 
au bord du sentier qui longe la mer ;
le rivage pâlissant s'éveillait au solstice ,

éclaboussé d'écume le noir des abers.
Des Druides en surplis, bras levés ,prient,
dans le Cromlec'h ,litanie des pater,
le ciel en lambeaux est saturé de gris .

L'aube déverse ses premiers rayons,
qu'ils coupent d'une faucille d'or
comme le gui , en riche moisson .
Dans l'ombre adoucie,un géant dort,

sur un lit de fougères,
sous les palmes des pins ,
qui dansent dans la brise légère,
sa main serre une lame d'airain.

Au flanc de la lande jaunie,
qu'un arc-en-ciel irise,
se répand dans le jour indécis
un parfum de genêts et le sel de la brise.

Hommes et menhirs, usés par le temps,
ne sont plus qu'ombres lasses,
courbées comme les pénitents,
dans la nuit d'étoiles basses ;

leurs yeux sont  cernés de noir,
leurs masques, repoussants de céruse,
et leurs doigts crochus qui griffent le soir
prétendent agripper les étoiles qui fusent.

Rochers sculptés de lichens et de runes,
mémoire d'ambre et légendes antiques,
fantasmagorie sous l'étrange clair de lune
qui adresse à l'Ankou sa dernière supplique.

La lune luit, désenchantée,
l'ombre est peuplée de mystère.
Elle dort sur un lit de fougères
que les sylves ont enfantées.

jf   corr aôut 2024