Je suis né de l’espace, en un cercle essentiel Irradiant mon cristal, et mes multiples frères Ouvrant aussi leurs bras ont uni dans le ciel Aux nuées océanes les souffles polaires.
L’hypnotique langueur d’une extase oubliée Suspend tout l’univers en abîmes ravis Où toute heure devient, lentement repliée, Immobile et candeur et silence indivis.
Moi seul, incomparable, égal en plénitude A l’espace et au temps à nous seuls suspendus, Je nie la pesanteur et défie l’altitude Sûr de ma destinée, fier de mes bras tendus.
Lors les astres jaloux de nos blanches structures Ont tissé jusqu’au sol notre chute innombrable Inscrivant sur la nuit d’éclatantes ratures Et, tourbillons épars, un subtil incunable
Ainsi nous descendons, insensible cohorte, En mission souveraine éblouir d’autres lieux Encore ensevelis sous la nuit qui nous porte Et leur rendre un moment la pureté des cieux.
Bientôt nous ne serons que poudre amoncelée Craquante sous les pas d’inconnus mais pourtant Que nous soyons linceul ou nappe immaculée Nous mettrons dans leur vie un mirage éclatant
Car si notre destin d’étoiles éphémères Est de brûler nos ailes dans le feu du jour Nous venons apporter aux enfants de la terre, Dérobés au soleil, quelques rayons d’amour.