J’ai les tripes qui sautillent En tous sens Ça chavire Quand devenus bateau sans cap Les mots m’excitent et m’échappent Ça me rend l’âme nue C’est le printemps à chaque ligne Et la musique du silence Me séduit aux flux de l’encre
Ça fait de moi des fleurs Qui s’envolent au ciel en rêvant Au petit matin blanc de l’aube inventée à la différence lue entre les signes Vents de peur ou rus de joie Vibrante sorcellerie et tenaille aux abîmes Qu’épellent mes phrases Alors tous mes pétales s’irréellent Et deviennent purs motifs d’en rire
C’est ce qui n’existe plus Ou alors pas encore Mais se fait corps dans l’instant C’est le libre tapage des mots heurtés Sur la blancheur offusquée du papier De ce chaos résulte la beauté La jouissance étonnée De la naissance d’un autre moi-même Qui vient couler de mes errances d’encrier
Lors je me vois rouler tel un bois emporté aux courants Cogné aux rochers du hasard Couvert d’algues parasites Nourries de mes tourments Mais dans la crue de cette eau vive Explose de désir libéré Toute la poésie de ma vie Comme un cristal qui s’ignorait