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Jean-Baptiste GIRARD
Ironie
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Jean-Baptiste GIRARD
Ironie
Je suis moi-même toute la vie,
Tout l’univers, toute l’existence,
Et la langueur d’une vaine envie,
Par l’envers, darde mes doléances.
Sitôt la paupière entrouverte
Que la nausée souille mon cœur,
Et sans qu’il ne me concerte,
L’espoir se fait randonneur.
Mais par un si doux miracle,
Je pose un pied, puis l’autre doucement,
Et la vie que vous croyez que je bâcle,
Je la mène tout de même obstinément.
Je suis délivré de toute ambition
Et ne cherche même plus la vérité.
Je n’ai désormais qu’une vocation,
Soit créateur de velléités.
La vie n’a plus de conséquence
Débarrassée de sa volonté.
L’espace devient alors immense,
Entre moi et la réalité.
J’existe comme hors de ce monde,
Comme oubliés des projets divins.
Même mes nuits deviennent immondes,
Souillées vilement de sombres devins.
Certains soirs, je me trouvais seul,
Songeant comment je ne pouvais,
Ni me couvrir d’un fin linceul,
Ni croire à tout ce que je voyais.
Certains la nomment ironie,
Certains la nomment fatalité.
Mais la vie et sa cacophonie,
Me mènent tout de même à la banalité.
Je n’arrive tout simplement pas,
À dénicher, à voir quelque chose
Qui me sustenterait jusqu’au trépas,
Qui envelop’rait mes airs moroses.
Et quand bien même je voudrais
Lui signifier toute ma haine,
La vie toujours me laisserait
Ces damnées impressions malsaines.
Pas même le plus beau des fards
N’arriverait à masquer mon calvaire,
Celui de vivre avec le cafard
Et, de la médaille, l’envers.