Si le ciel est parfois lourd et pesant, Au point de livrer nos pauvres esprits Comme une proie, à l'ennui naissant, Il fait des jours gais aussi, et des nuits ;
Des jours ou l'espérance est victorieuse, Ou ni araignées ni chauve-souris, Ni cloches assourdissantes et furieuses Viennent hanter nos pauvres esprits ;
Ou le cœur du valet pour la dame se pique, Où l'amour est roi et la reine de cœur Et où l'amour fait une douce musique Et vit et vibre sans mauvaises humeurs.
Au diable les pensées morbides, boudeuses, Qui encombrent meubles et cerveaux Et rendent immortelles et boiteuses Des journées d'un bien triste tableau.
Aussi je veux un ciel léger, léger, Sans nuage ou alors de coton, Avec des plumes d'anges auréolées, Mon paradis à moi sous l'édredon.
Je veux un ciel sans enfer et entier Et fait de nuits de rêves à foison, Ou roi d'un pays toujours en été, Je réchaufferais mon corps aux rayons
De la lune, vieille dame impudique Cachée derrière son voile filtrant, Qui jettera sur moi son regard lubrique, Amusée de voir mes amours débutants ;
Car la noble dame connaît la musique Et sait bien qu'ils ne dureront qu'un temps. C'est pourquoi elle contemple sans panique Ces amours qui seront demain finissants,
Et verse du ciel dans la nuit noire, Un dernier sourire tendre d'ironie Chargé d'un immense et fol espoir, Que nos jours soient aussi beaux que nos nuits.