Un soir sous la lune pâle L’homme flottait dans la vague Froide et continue du ressac. Sans un souffle et sans un geste, Il traversait à la nage Les marées et les courants verts.
Nu et froid dans la vague, L’écume lui faisait une barbe Que venaient fouiller les bars A la recherche des poux de mer.
Le varech lui passait une veste Et les algues sur son visage Lui caressaient les paupières. Il fixait de ses yeux ouverts Les fonds indécis du rivage, Et des heures vides le passage.
Quand souffle le vent de la mer Sur l’esprit privé d’émoi J’ai parfois l’impression amère Que cet homme froid c’est moi.