La fée martiniquaise tisse sa toile bleue dans les bambous. Elle tend un à un les fils entre la vie et la mort. Qui a peur de vieillir ? Les fils du matin puis les fils du soir. Qui pleure dans la nuit ? Et puis elle attend dans le soleil. Elle attend que je passe, elle attend que tu passes. Elle attend… Elle rêve de mers pures comme du cristal. Elle sourit dans la sérénité. Elle espère une rencontre. La capter dans ses filets. Qui a peur de l’heure ? Viennent de sonner trois heures dans l’île bleue, à la mer bleue, à la fée bleue. Le soleil darde ses rayons, la fée s’étire et vérifie la tension des fils. Elle compte les sourires et les pleurs, goutte à goutte, point à point, rais à rais. Elle est dans le présent, seulement, et joue de la harpe avec les fils du matin. Il y a erreur de partition, la harpe est mal accordée avec le soir. Puis vient la nuit. Qui a oublié de vivre ? Les oiseaux nocturnes regardent la toile du temps qui se détend. Les fils bleus dans la nuit bleue. La fée s’étire, bâille et s’endort pour l’éternité.
