De terre et de bois, algues entortillées, pampres et réséda Au rire de la lune l’écho de la carapace d’ambre Ecoutille amarrée à l’aigue-marine Lamparo flottant sur la mer, écorchure brune. Quand vient ta présence à l’angle du canevas Je me tisse comme l’érable noueux De ce tapis de haute laine dans l’atelier sombre Tout me lie à toi, la dentelle du jour, le fil de trame de l'heure Les pampres aromatiques à la morsure du froid. Sous la tonnelle de fleurs acides Ta main me retient, m’immobilise, m’initie à moi-même Ta main qui me forge, fil de hampe tendu Dans le soir qui jamais ne se dévêt. Je m’agrippe à toi comme une haie vive Je reste accroché comme l’oiseau au fil nu Dans le canevas de tes jambes qui s’étirent sur le tapis de haute laine Velours de ta peau, dentelle de tes caresses à jamais renouvelées Le réséda monte de ta gorge, il démâte et se dénoue Il suit l’axe ascendant pour s’épanouir en couronne A la lisière de ton regard abandonné. L’accord de toutes les cordes de la harpe à la fois De mille gestes ensemble qui effleurent ton corps J’en écoute les ressacs sur le pas de la porte Où le réséda s’écoule en grappes lourdes et sensuelles. Tout de senteur, tout de sève, la maison s’ouvre Dans ce voyage aux mille irisations Qui me prolonge en toi, corbeille offerte de senteurs Dans cet espace de regards enrubannés, gorges embaumées Où le dahlia et l’ancolie butinent sur tes lèvres. Tu es de jade transparente, pierre blessée, écorchée Tu es de sable et d’eau, tu coules dans ma main Mon corps te capte, torrent de feu, volcan qui tressaille Et collines ondulantes au fond de la vallée. J’aime tes soupirs tendus de mains qui tricotent la laine soyeuse Traces de baisers sur ma bouche comme des fleurs ennoblies Visage emmuré d’extase au cadran solaire De l’abeille qui danse sur la ruche qui déborde de miel. Tu es le spasme de la vague mourante, étale Qui irrigue la plage luisante, étendue et lasse Où le vent n’est pas plus qu’un souffle qui me porte vers ton être Mains qui me retiennent et m’attachent au bastingage. Je suis de toi, je suis de tes mains qui me pétrissent De tes lèvres qui me disent De tes seins qui me nourrissent De tes envies qui nous unissent.