A l’angle de la rue tiède, sur les pavés de terre à la lueur mauve de la nuit Un fanal dans le port et une barque qui penche Eclat de rire, éclat de verre, éclat de lune Assemblés sur tes lèvres qui flottent dans mes mains tremblantes Reflets de mes pas près de la fontaine Comme un marin en partance à l’angle de cette rue tiède. La mer est lointaine, âcre, dévorante sous le palmier agité Qui fourmille de rêves et d’idolâtries parcheminées De cette peau transparente dans le sable gris. Mais ce n’est pas mon histoire, ce n’est pas ta main non plus Ce n’est pas ton visage désincarné et cette route vide Ce n’est pas là la navigation de l’attente sous le réverbère mauve Sur des pages vierges comme des femmes voilées Blanches et noires sur la partition fanée. Non, mon histoire est sur des pavés de terre dans les champs Dans un port qui sans cesse veille et écoute Qui t’attend dans cet éclat de vie Dans une nacelle qui m’emporte le long des falaises Comme une aile volante qui vibrerait sous le vent Parcheminée de vagues incarnées. Au chemin montant, dans le repli du vallon Sans boussole, sans ancrage, tu flottes dans mes mains tremblantes Femme sans voile, femme marine, éclat de rire Qui agite un fanal dans l’amour Barque qui penche et m’offre la main et m’invite Vers la mer lointaine et dévorante sous le palmier qui déclame des poésies.