Copain, mon ami, Nous l’avions promis, Rien ne pourrait nous atteindre. Nous fûmes des frères Ramenant de guerre La victoire et pas la moindre !
Hélas depuis, nos vingt ans A brouillé le temps, Le monde a changé de face. Du bonheur sommaire De nos pauvres mères Les plus sourds ont pris la place :
Nous incarnons le matin De l’histoire et de demain.
Frère, mon jumeau, Sauvés de nos maux, Comment enfin peut-on croire Après la tristesse… Mal ou bonheur, qu’est-ce ? La paix me semble illusoire.
Toujours plus pressé, Je vois le fossé Tendu le long de nos routes. Des rires nous suivent… Prends garde aux dérives ; L’on veut nous conduire au doute :
Nous incarnons le matin De l’histoire et de demain.
Viendras-tu vers moi De nouveau ? L’émoi Fera rajeunir l’enfance : Bien avant la guerre, Bien avant mon frère, Nous nagions dans l’innocence.
Un voile neigeux Recouvre nos jeux, La nuit noire nous encercle, Un seul astre luit. Vers toi je le suis, Bravant l’étrange couvercle…
Nous incarnons le matin De l’histoire et de demain.