Une lune moite s’éclipsant dans le ciel Inonde la scène de ses pâles rayons Et la forêt, sans pudeur, baignée dans ce miel Révèle sa dentelle semblable à des haillons.
Par l’aube, à travers ces friponnes interstices, La subtile audace d’une ombre de velours, Féroce douceur ouatée de svelte malice, Erre d’un pas secret comme on cache un amour.
Dame Nature, gardienne de la colline, Devant tant de grâce, toute entière, s’incline Embrassant par la ruse de la rosée fine Les courbes rythmées de cette croupe féline.
Une soif jamais rassasiée de liberté Lui a déjà fait parcourir mille et un lieux ; Pour la source de vie, enfin pouvoir goûter, Teintée d’aventure, cet arôme savoureux.
Son regard océan toise les prétendants. Intimidés... ils n'osent prendre les devants Car sous la promesse d’une abrupte caresse Si, de leur part, venait la moindre maladresse
La belle âme délicate comme le vent, Que même un Dieu prétentieux ne pourrait soumettre, A le pouvoir, en un éclair, de disparaître Non sans laisser de vifs stigmates auparavant.
Proche, la crainte de l'effrayer me désarme Puis la joie, aux yeux, me fait monter les larmes ; De la voir se mouvoir sans aucune entrave Sa sauvage pureté, de mes doutes, me lave.
Destins croisés à l’heureux hasard d’un chemin, Aujourd’hui peut ne pas suivre de lendemain En laissant mon cœur marqué, pour toujours, au fer Par la diaphane griffe... la noire panthère.