Rattrapé par l’étreinte d’un amour passé, Le destin leur offrit la chance de s’aimer. « Dans une autre vie ! », lui avait-elle promis… Par revanche exaltée, aujourd’hui assouvie.
Dans l’antique douleur de cette jeune histoire, Resplendissent d’obscurs nombreux lieux où se croisent De sages démons, dilemme contradictoire, Se battant chèrement pour régler leur ardoise.
A présent affranchis de vaines influences, Ils se voient libérés de toute dette envers Leur adolescence ; Essence de l’innocence, Que le morne poète glorifie en vers.
Des lueurs ravivées à l'angle des ruelles, Où s’embrassent sans pudeur « décence » et « désir », Sinueux labyrinthe où sans nul bruit se mêlent Des torrents de larmes, écume du plaisir.
L’un plongea sans secret au plus profond de l’autre, Dionysos en témoin et pour seul apôtre, Jubilant d’émotions enfin recouvrées Qu’ils croyaient bien pourtant à jamais oubliées.
Aliénés… piégés dans leur prison de verre, Equilibre fragile de leur univers, Sur leur esprit gémissant en proie à l’ennui Se leva un jour noir plus triste que la nuit.
Aux lumières de son air rieur et moqueur Se cache, à l’intérieur, une ombre plus grave, Qu’elle exprime, meurtrie, par l’élan de son cœur Déversant un long flot de fureur sans entrave.
Car le choc d'aussi près se heurter au bonheur Peut vous consumer vivement en profondeur. Et qu’à l’inverse, un glaçant linceul de rancœur Ne soit plus que pour vous votre unique moteur.
Rien ne résiste, au fond, à ces choses funèbres Que l’aspect permanent de ces pâles ténèbres Et que dans ton éblouissant sourire amère, Ma triste âme à jamais restera prisonnière.