Réflexions
Mais pourquoi au-je si mal en moi,
Cette douleur pesant qui me fait sombrer
Au plus profond de ce terrible effroi,
Qui me ronge et me fait divaguer?
Pourquoi ce spleen vient encore me narguer,
Alors que j'suis déjà tombé si bas?
Est-ce donc contre la fatalité,
Qu'il me faut engager ce dur combat ?
Où le prix de la victoire n'est que moi,
Que j'dois retrouver, 'vant qu'il soit trop tard,
Et que j'ne puisse plus remonter cette fois,
Et que je garde pour toujours ce cafard.
Pourtant il me faut savoir tout détruire,
Se remettre en question par moment,
Pour pouvoir ensuite mieux reconstruire,
Et apprécier vraiment tous ces instants.
On n'peut batir quelque chose de sérieux,
'Vec des valeurs auxquelles on ne croit plus,
Des visages qui font détourner les yeux,
Des espoirs qu'on a bien trop attendus.
Il faut donc apprendre à oublier,
A délaisser, ignorer ou maudire,
Pour enfin ne plus pleurer, respirer
Dans un monde choisi qu'on doit pas souffrir.
Duquel on aura écarté les cons,
Ces inadaptés, ces irraisonnés,
Qui ne veulent comprendre, qui croit avoir bon,
Mais qui puent tant ils fuient la vérité.
Vérité que j'aime pour sa pureté,
Et aussi parce que souvent elle touche,
De par sa splendeur, sa sincérité,
Qui jamais ne pourra sortir d'leur bouche !
Car ils ignorent ce mot totalement.
Comment pourraient-ils en être au courant ?
Puisqu'ils pigent déjà pas que; c'est navrant;
Etre grand, c'est d'abord ne plus être enfant!
Tout ceci pour dire que je suis insatisfait
De cet horizon qui est toujours gris,
Qui m'écarte de ces merveilleux souhaits
Que je n'ai pu qu'espérer jusqu'ici...
(05/04/1991)