Quitter la norme énorme et sèche, Fouler le sentier vierge de la création, Vagabonder au gré de l’imagination, Respirer le bonheur !
Sublimer la peine en amour, Le désespoir en délivrance…
Briser le miroir du confort, Piétiner la quiétude du bien accompli, Rogner les certitudes des gens établis, Demeurer simple et fort !
Sublimer la peine en amour, La solitude en espérance…
Hélas, sont vains ces vœux de fou !
Le fou n’a plus sa place : La folie dérange, incommode, Bouleverse les codes, Les canons et les modes…
Ne serait-il fou que d’être autre, Apôtre saoul d’amour sur les sentiers perdus, Équilibriste seul, sur la corde tendue
Aux extrémités de laquelle Tenaillent et cisaillent Les tireurs de ficelle, Les faiseurs de misère, Les fomenteurs de guerre Et les spéculateurs de mort ?
Gardons-nous de briser le subtil équilibre…
Si le fil se rompait, Si s'effaçait le dernier port, Si s’éloignait le dernier corridor, Si s’effondrait le denier pont jeté Entre ciel et enfer au–dessus des abîmes, Qui sait ce qu’il en adviendrait ?
Sans doute à tout jamais s’envolerait l’amour Et fureur et folie atteindraient à leur tour Les tireurs de ficelle !
Lors, Ceux-ci, Tombant de leur échelle, Mêlant lames et traits, Par malemort, Dans leur folie Produiraient l’ultime étincelle Qui tout à néant réduirait !