Vos
poèmes

Cette chose impalpable, étrange et pénétrante,
A laquelle tu adhères sans en saisir le sens.
Cette chose enfouie au plus profond de toi,
A laquelle tu t’adresses chaque jour, chaque nuit.
Cette chose attentive à tes forces contraires,
A laquelle tu voudrais t’unir, te fondre ou t’affermir.
Cette chose insondable qui gouverne tes joies,
Tes élans, tes émois, dont tu quêtes la lumière,
De l’aube au crépuscule.
Cette chose innommée et pourtant espérée,
Entrevue, désirée, à laquelle tu dénies tout pouvoir,
Toute vérité blessante,
Toute entrave à subir et toute honte bue
Au seuil de tes combats.
Cette chose intangible que nul tourment n’éteint,
Que toute larme émeut, que tout destin inspire,
Que toute douleur éveille et toute erreur absout.
De laquelle tu n’attends ni le bien ni le mal,
Ni le chaud ni le froid,
Ni le doux ni l’amer, les senteurs océanes
Et les marais obscurs,
Les soleils flamboyants et les hivers livides,
Les amours assouvis et les détresses intenses,
Les certitudes ancrées et les doutes à connaître.
Cette chose immuable, présente à chaque instant,
Du cri de la blessure au déchirement final,
Présente à tout moment, dans ta chair, dans ta voix,
Dans tes gestes, dans tes peurs,
Dans tes moments d’extase, de folie,
D’égarement, dans tes moments d’absence,
Dans tes moments d’errance.
De tout temps ignorée, honnie ou détestée,
Rejetée, bafouée, humiliée, décriée.
A laquelle tu refuses toute envie, tout regard,
Tout droit de servitude ;
A laquelle tu n’accordes ni répit ni repos,
Ni abri ni refuge, ni rumeur ni tumulte,
Ni patience ni souffrance, ni envie ni désir,
Ni éclat ni écrin.
Cette chose enfouie que l’on découvre un jour,
Au détour d’un regard, au croisement de nos routes,
A l’aube d’un jour nouveau, au cœur des habitudes,
A l’orée des promesses, à l’aune des ivresses,
Des passions, des tendresses.
Du fracas du big-bang au murmure des étoiles,
Cette chose est en toi, cette chose est en moi.