J’ai araigné ma muse au ventre des montagnes Quand le soleil s’enfuit à l’horizon des villes J’ai parcouru les allées d’ombre quand La marée bétonne Aux portes des cités l’azur mort des voiliers J’ai perruqué des arbres chauves Avec les fils de ma toile Lacérant des tableaux aux cimaises du soir J’ai éclaté ma tête vide sur des murs D’ignorance Cherchant aux livres d’or des Rimes insoumises
Ô géants, ô lumières
J’ai déchiré les mots avec des griffes d’encre Cachant au crépuscule le vide de mes yeux J’ai arraché mes mains aux bras gourds de l’hiver Quand glaçait le magma de mes volcans éteints J’ai découvert l’amour sur des fusées absentes Arlequins de la nuit riant aux mausolées Ö visions ! Ö lueurs ! J’ai embrasé des Femmes rousses aux lunes d’aphélie : Les yeux des enfants noirs brillaient Aux feux follets Rimbaud vient d’alunir aux rivages d’espace Des mohicans dansaient autour du bateau ivre Folie levait la patte, des pyromanes rouges Allumaient des chandelles aux flèches des églises
Ô géants, ô lumières
J’ai vomi des poèmes aux algues bleu-marine Des chiennes édentées mangeaient mes goémons Verlaine se distille dans l’absinthe des marbres Apollinaire passait sous le pont Mirabeau Au bras du mal-aimé Imaginaire délire, j’ai drapé l’océan de Monstres sanguinaires Maldoror s’est enfui Du tombeau de Ducasse, Reviennent les chiens-loups qui psalmodient Ses chants Villon m’est apparu, famine sa compagne errait Au ventre nu des oiseaux de Stymphale Mallarmé s’est assis sur sa pierre tombale Des lances d’hérétiques lui traversaient le crâne Entourée de lémures au banquet de Satan, Lesbos hurle à la mort : Baudelaire a disparu. Attablé Trismégiste Mange ses litanies
Ô géants d’infortune, vos ombres Scellent les pierres Aux pieds déboussolés des poètes maudits.