Voici venir le temps où la nature expire L’arbre majestueux a pris un air morose Le parfum de la fleur s’est éteint sur sa tige Il ne reste, hélas, que les épines des roses
Où sont les prés fleuris et les vertes collines Un grand linceul tout blanc les a ensevelis Les oiseaux migrateurs ont fui, on le devine Vers des cieux plus cléments et des boisés jolis
La neige gracieuse, suaire aux blanches formes Tombe dans l’air du soir, le sentier disparaît Les sapins alourdis ont pris des airs difformes On n’entend plus, au loin, les bruits de la forêt
Tous les étangs gelés craquent dans la pénombre Les animaux frissonnent, tapis dans les terriers Les grands cervidés, discrets comme des ombres Se glissent furtivement le long des marronniers
Le long hiver s’abat sur le Nord québécois On entend dans le ciel les cris des noirs corbeaux La mort a fait son oeuvre; les bêtes sont aux abois Les rangs sont décimés parmi les grands troupeaux