Le soleil baise les cimes dans l’aube matinale Et de ses chauds rayons vient dorer la vie La gelée d’automne en paillettes de cristal Étend son manteau blanc sur le sol jauni
Les arbres enserrent leur ombre sur leur fût Les rameaux oscillent balancés par le vent La torpeur bienfaisante d'un temps suspendu Vient couler sur eux comme un frais torrent
Une quiétude parfumée émane des champs Sur lesquels se brode une douce lumière Les roseaux fatigués vont en se couchant Adresser à la terre une ultime prière
Les feuilles s’agitent comme des mains difformes Petites épaves joueuses de la dérive du jour Les heures enchaînent leurs maillons monotones Puis viennent annoncer la saison des amours
Le grand mâle solitaire parcourt son sentier La fougue qui l’anime rend ses humeurs vives Errant au hasard des lourdes matinées Sous le charme grisant des rencontres furtives
Un merle perché sur la branche d’un hêtre Dans la clarté radieuse de ce jour naissant Compère joyeux, il entonne son chant Qui vient se mêler aux rumeurs champêtres
Le tambour du vent roule sans hâte Détachant dans le ciel le profil des ramées Des haies noircies aux chapiteaux blanchâtres On dirait que le temps s'est immobilisé