Vos
poèmes

Ou le mensonge de la joie,
Ou la vérité de la peine.
Ou l'illusion de nos gros "Moi",
Ou nos caractères qui geignent.

Il n'y a qu'une alternative
À nos existences mortelles :
Ou bien le bonheur qui esquive,
Ou bien le malheur qui est tel.

Heureux, on se cache à soi-même
Et on n'apporte rien au monde ;
Affligé, on se sait immonde
Mais au bout du compte l'on aime.

Cette certitude fort âpre
M'est venue avec l'expérience.
Et ni la raison ni la science
N'en peuvent contrarier le cap.

Alors, où aller désormais ?
Je prends à gauche, je me prive
Du Saint-Esprit à tout jamais ;
À droite : au tout-venant me livre.

La vie n'est-elle donc que ça :
Un long suicide qui s'achève
Lorsque quelque dieu nous relève
De ce cauchemar de forçat ?

Deux oiseaux chantent dans la nuit,
Et des plus merveilleusement.
Ils se répondent sans répit
Et son pour son, exactement.

Peut-être sommes-nous cela ?
Des vagabonds qui dans le noir
Semblent entretenir l'espoir
Et croient entrevoir l'Au-Delà.

Le jour se lève : ils sont partis ;
Et nul n'entend leur doux sabir,
Comme si vivre était subir
La perle noire en nous sertie...

12 mars 2007