Comme un brouillard compact se lève peu à peu Laissant place au soleil qui dissipe ses bancs, Je m'éveillai d'un songe étrange et perturbant Pour reprendre le cours de mon sort adipeux.
La vie réelle, hélas, adhérait à mon rêve Et semblait prolonger son angoisse morbide. À peine ici ou là quelques instants de trêve Pour ébrouer ce poids de fantômes languides.
Et j'avais beau prier, penser à autre chose, Ce triste cauchemar imprégnait tout mon être De sa vision funèbre - horreur à forte dose Dont il me semblait même ne jamais renaître.
J'étais donc dans ce square attenant à ma piaule Et m'y trouvais si seul à jouer dans le noir Qu'il n'y avait pas âme qui vive ou console Ma détresse prégnante comme un éteignoir.
Je dormais sans dormir, m'éveillais pour revivre Cette scène semblant s'engendrer sans arrêt. Et si l'on dit souvent que le sommeil délivre, Il n'en fut pas ainsi en ce jour effaré.
Pourquoi ce mauvais rêve où je ne pus bouger ? Et pourquoi donc tant d'heures pour m'en dépêtrer ? Le matin, j'y songeai... sans trouver de réponse ; La journée progressant, j'oubliai tout l'absons Du rébus nocturne à mon insu perpétré : Le mystère des songes ne peut se jauger.