J'entends un clapotis : c'est l'ondulation D'un drapeau haletant qui bombe son corsage Dans le pouls d'une pluie tintant à son passage Des grelots qui résonnent d'une allusion...
Un corbeau croassant croise des oisillons Tournoyants, exhalés par l'érable fanant ; Une poussière rousse forme le sillon Que le vent traîne en voile dans son cours planant.
Un grand fût, mi-vêtu, doigts crochus, bosselés, Brosse en lambeaux la chair d'une brume mouillée Venue feutrer l'éclat de son ambre rouillée Et coiffer ses chandelles d'un halo de lait.
Le fleuve, se lovant dans l'ouate de son lit, Miroite, fait danser, dans ses pans de velours Les flammes de la floraison ensevelies En cette eau endormie que les rayons labourent...
C'est le temps de la mue, où la nature nue Rougit d'ivres vapeurs - chatoyante pudeur ! Où des saules s'éplument dans un dernier pleur Tavelant un bord d'eau où leur ombre remue.
Il s'est mis à gronder, le volcan de l'automne... Ô phénix gracieux, qui de braises bourdonnes ! Ce châle aniline qu'aux branches tu déposes, C'est le sang qui dépeint cette métamorphose...