Le cil glisse sur l’iris, Le songe monte et te hisse Dans les griffes de l’ibis, En fille de Mnémosyne.
Retour du chant du muezzin.
Sur ton front, soleil de plomb, Le nom d’un Pharaon, Le cartouche sur la pierre, Cri de l’eau de la rivière, Bue dans ta main en calice, Tu t’étire vers l’horizon, Vers le Nil et l’oasis, Comme l’oiseau vers son nid.
Descente lente, étoffe de flanelle, L’aile s’incline en son virage en ciel, Se courbe en couleur d’arc-en-ciel, Vers la terre que la crue renouvelle, Où tu finis ton vol, neuve et belle.
Tu te penches sur les reflets du fleuve, Agenouillée dans les roseaux du rivage, Dans un mirage en marge de la plage.
Tu regardes tes yeux dans l’eau Tes lèvres roses épousent légères, Le reflet des courbes de ta bouche Qui plisse la surface lisse En cercles concentriques qui s’éloignent Autour de la cible qui s’approche : Tu entres dans l’eau sans faire de remous Et disparait dans les flots, silencieuse, Sans la moindre ride sur la surface de l’onde
Comme la lumière traverse le verre translucide du cristal
Tu te faufiles, algue fine et agile Tu file et tu fonces gracile vers le fond Pour fondre acidulée, argile humide, fragile, Derrière le miroir du monde
Trois triangles d’ombres s’étirent Derrière le soleil qui se retire Trois étoiles, trois magnitudes Quiétude de l’exactitude Tu trembles dans l’eau troublée, Sous la haute voute d’ambre de la mémoire Plume neuve du phœnix en cendre Tu mouilles l’ancre pour quelques mots Tu parles du Nil pour lui !