J’ai tricoté ma vie aux aiguilles du temps, Façonné chaque jour, décompté chaque maille, A l’endroit, à l’envers, chaque rang fit bataille, Mon ouvrage avança, torsadé de printemps...
Coloré du bonheur innocent des enfants, Délavé par la peine aux couleurs de grisaille, Parfumé de soleil, de senteurs et de paille, Caressé par les airs, souvenirs des autans.
Lorsque l’instant viendra de l’ultime pelote, Quand sonnera du glas, sans fin, la triste note, Du fil de l’existence au moment des adieux
Mon âme emportera le goût de l’éphémère, Ce don de l’éternel, cadeau béni des cieux, Où le nom de la mort se prononce « chimère ».