Le temps est une chaine qui nous entrainera Vers la fosse commune où nous irons nourrir Comme l’ont fait nos ancêtres depuis la nuit des rats Cette entraille impatiente de nous voir revenir.
Je la vois accrochée à la patte des gens Comme une chaine d’ancre les contraignant au sol Misérables rampants qui trainent en tous sens Avant d’aller remplir les caves du sous sol
La terre nous a bien eus, cette garce féconde En nous laissant penser que nous étions capables De nous l’approprier alors qu’en fait le monde Ne vit à sa surface sa destinée instable Qu’en attente de l’heure, de l’ultime seconde Ou il ne sera plus qu’un festin misérable
Je me demande bien si les grands dinosaures Ont eu la prétention, tant de siècles avant nous D’être maîtres sur terre, de se croire les plus forts Jusqu’au jour ou celle-ci les extermina tous.
Et je serais curieux dans quelque cent mille ans De voir les occupants de cette jolie planète Étudier les fossiles… rassembler quelques dents… Se perdre en conjectures et se creuser la tête Sur la disparition de ce drôle d’habitant Qui semblait adapté mieux que toutes les bêtes
Celui-là ; ce probable évolué croira A l’immortalité de sa race supérieure, Tandis qu’insatisfaite la terre préparera Dans ses cellules internes un nouveau successeur.
Qu’elle n’ait pas d’illusions. Elle n’est elle-même Qu’une poussière infime perdue dans l’univers Qui trouvera tôt ou tard sa rotation ultime Dans le ventre géant d’un trou noir et pervers.