Je voudrais pas crever sans plagier Boris Vian, Sans connaitre les iles après les océans, Pour un peu de repos. Je voudrais pas crever sans aller regarder Vraiment au fond des yeux ces peuples lézardés, Éparpillés, perdus… Qui n’ont aucune idée du mépris qu’on leur donne, Occidentaux gavés comme porcs qui gloutonnent.
Je voudrais pas crever sans voir des éléphants, Eux qui n’ont pas encore pillé leur continent… Hypothéqué demain… Sans toucher des baleines, frémir juste en croisant Leur énorme regard, mystérieux, apaisant, Étonnamment confiant. J’aurais voulu connaître dodo et thylacine, Mais je ne pourrai pas… alors je les dessine.
Je voudrais pas crever sans voir en haut des cimes, Un aigle, un gypaète, avant qu’on les décime. Un édelweiss aussi Je voudrais bien savoir si elle est vraiment bleue, Cette planète Terre, faire vite si c’est possible, Avant qu’elle ne soit jaune… Jaune sable désert, jaune fleuves boueux, Et soufre des volcans, furoncles nauséeux…
Je voudrais pas crever sans savoir que j’ai tort De penser que les hommes qui se croient tellement forts Ont tort d’être vivants. Je voudrais pas crever sans savoir que j’ai tort De ne pas les aimer… sans savoir que j’ai tort De croire qu’ils sont mauvais. Je voudrais oublier qu’une planète sans eux Serait beaucoup plus saine… sûrement vraiment bleue.