J'écris. Tu vas être surprise, j'écris pour exister Après toutes ces années. J'écris aussi bien sûr pour pouvoir te conter Mon histoire étonnée. Devant la feuille blanche j'ai comme une jouissance De la main qui attend. Elle a sur le papier cette toute puissance De l'esprit qui la tend. Je peins. Mais ça tu le savais, je peins pour m'évader De ces heures mal vécues. Dans ma tête j'ai des arbres un peu trop dénudés Et puis du temps perdu. Le pinceau quand il court sur la toile tendue Il n'a rien d'innocent. Il la sabre et l'outrage dans des gestes éperdus Et souvent indécents. Je crie! Je crie quand j'ai ma plume qui vient me faire la gueule Quand j'ai la main qui flanche. Et puis que mon pinceau lui aussi me laisse seul Devant la toile blanche. Je crie quand ma révolte est en train de crever Et que reste la douleur. Je crie, aussi, parfois, juste pour me prouver Que je vis! Même ailleurs!