Il y a du croc dans l'air, et de la griffe aussi. Pour l'instant au repos, d'un côté de la mare La patte est de velours. L'œil de chasse assoupi, le grondement éteint. Sûrement rassasiés les estomacs digèrent. Les dents sous les babines ne menacent personne. Onze lionnes couchées reconstituent leurs forces Pour le prochain assaut, elles n'ont pas le choix, Soumises au bon vouloir de leur roi fainéant Et à la tyrannie de leurs nombreux petits.
Si elles se réveillent ça va voler partout, Courir dans tous les sens et pour l'une d'entre elles ça va déchiqueter. Elles ne s'y trompent pas toutes ces antilopes à cent mètres de là. Koudous, Oryx, Springboks, du grand au plus petit Ils n'ont pas d'autre idée ; s'en aller au plus vite ! Seulement il faut boire ; à quoi ça servirait D'éviter les canines pour sécher au soleil !
Un pas... et puis un autre... précautionneux, tendu. Pour tremper le museau il faut quitter des yeux Cette mort qui sommeille et n'avoir que l'oreille Qui prévient du danger ! Alors au moindre bruit ! Juste un caillou qui roule et tout le monde fuit En bonds désordonnés.