A force d'exploser dans sa tête fragile La douleur a fini par l'user peu à peu Et malgré l'exutoire de ses pinceaux agiles Il n'est pas parvenu à vaincre ce maudit feu Qui altère ses forces chaque jour patiemment Rendant insupportable cette souffrance horrible Que le peintre projette sur ses toiles violemment Comme on extirpe un mal pour y être insensible.
De fuites en voyages il cherche un peu partout Un rivage paisible dans l'espoir d'enterrer Ses misères, ses errances, ses hantises surtout Afin de retrouver une paix tant espérée. Et c'est sous le soleil d'un midi éclatant De jaunes tournesols et de gris oliviers Qu'il est persuadé pendant un certain temps D'avoir touché au but, d'être enfin arrivé.
La rémission pourtant est de courte durée. Les tableaux s'amoncellent, le mal est plus profond Qu'il n'a jamais été. Son cerveau torturé Dans un courage ultime préfère l'abandon Et il décide alors qu'il faut enfin partir Sur l'envers du miroir, trouver d'autres couleurs Pour peindre dans le noir des éclats de fou-rire Serein d'avoir fini par tuer sa douleur.