Sais-tu qu'au matin clair les pensées ont des larmes? Perles fines qui fuient sous les feux du soleil Et que le soir venu sous la voute du ciel Ces tendres fleurs se plient sous leurs pétales parme.
Elles vivent bien sûr mais ont-elles des songes Pour les accompagner jusqu'aux lueurs du jour. Et quand nous les cueillons en affirmant toujours Qu'elles ne souffrent pas, n'est-ce pas un mensonge?
Des bourdons, des abeilles et bien d'autres insectes S'enivrent en leur cœur de leur puissant nectar Puis s'en vont, titubants, déposer sans retard Le pollen récolté aux corolles offertes.
Vois donc au jour naissant une pensée et ses larmes, Près de cette rosée il y aura sûrement Une abeille venue se mirer un moment Et coiffer ses antennes, vérifier tous ses charmes.
Elle repartira mais une autre viendra, Moins coquette sans doute, faisant fi du miroir Elle mettra son bec sur la goutte abreuvoir. Étanchera sa soif autant qu'il lui faudra.
Pour que tu puisses enfin sur un rayon de miel Hâter ta gourmandise il faut bien cette histoire, Si pour nous autres grands elle est trop dérisoire Elle se vit à nos pieds pour que tu t'émerveilles.