J'ai voulu décrocher un fin quartier de lune, Blanc croissant dans la nuit brune, Mais l'aurore a réveillé pluviôse Pour teinter son horizon de rose... Ah, je ne pourrai point faire risette À ma tendre Pierrette!
J'ai voulu saisir la plus brillante des étoiles, La cercler d'anneau pour qu'elle se dévoile, Mais l'aube du jour m'a vite éconduit Car elle affaiblissait la nuit Et m'a caché, dans ce matin charmant, Les éclats de tous ses diamants!
Mais pour être près de toi, Qu'est-ce qui m'échoit ? Je découperai un pan de ciel vaporeux, M'en ferai un simple habit tout soyeux, Pour ne point froisser tes atours, Ô mon unique et bel amour !
Mais pour un baiser de toi, Que puis-je envisager toutefois? Je sculpterai un nuage teinté de rose, En ferai deux timides lèvres qui se posent Sur ton émouvant corps de femme Dansant follement comme la flamme !
Mais pour une caresse de toi, Qu'est-ce qui se conçoit? Je m'envelopperai d'une écharpe de zéphyr, M'en ferai un épiderme de soie et de soupirs Où ta douce main glisse et erre Comme un esquif vers Cythère !
Pour une vie à tes côtés, Se remémorer les jours d'été... Comme un souffle, chaudement, Pareil à celui du printemps Qui porte la vivante graine et la sème, Mes lèvres te diraient simplement : Je t'aime !