Si j’ai cueilli ces fleurs dans ma visite brève, Voici de quoi garnir le vase que voilà Sous tes yeux à présent, dans la chambre où tu rêves ; Toute mon âme est là.
Oh sans doute mes fleurs ne sont pas aussi belles Que je l’aurais voulu, mais je crois que le soir Elles devront s’ouvrir par-dessus tes prunelles Et pourront t’émouvoir.
Si tu sais les comprendre, et si tu les arroses De tes larmes parfois sur la table où tu lis, Tu verras qu’elles sont odorantes, mes roses Plus pures que des lys.
Vois-les dans le cristal, sous la lampe bleuâtre ; Si tu veux que ton rêve en puisse être embaumé, Assieds-toi calmement à la flamme de l’âtre Dans le soir parfumé.
Sens-tu, ces roses-ci ressemblent à des lèvres, Ces roses rouges sont comme des yeux en pleurs, Ces roses blanches sont des mains pleines de fièvre, Ces roses-là, mon cœur.
Sache les bien tenir entre tes mains savantes, Abreuve-les surtout comme je te l’ai dit, Pour qu’elles aient toujours de mon odeur vivante Quand je serai parti.