L’artiche chaud englue nos pelouses D’un engrais à l’odeur qui en a la couleur. Du terrible pognon à l’auguste flouze, On a repeint en vert nos moindres valeurs. Mais que sont devenues les devises sur écus Qui fleurissaient jadis, même chez les voleurs ? L’écu n’est plus coté, noblesse a vécu. Les devises fluctuent aux écrans de cristaux. On parle de victoire pour avoir vaincu L’hydre d’inflation mais à coups de marteaux On écrase les doigts de ces petits bourgeois, Pauvres boursicoteurs, qui demain aux tréteaux Verront partir flambée, dans un grand feu de joie, Leur retraite sacrée. Et que dire de l’armée Des sans – grades paumés que jamais on n’emploie A l’unique motif d’une porte fermée, Des fiers ouvriers, des humbles artisans, Et même des patrons dont la marge limée Bouche l’horizon, les faisant partisans Des pires agréments ? Car à trop applaudir Les Molochs aveugles, d’ignares courtisans Ont renié la loi qui nous a vu grandir. A nos frontons vides, mais qu’est donc devenue La fraternité ? Et devrons nous brandir Jusqu’à la fin des temps l’envie parvenue D’amasser un peu plus ? Les sauvages tribus, Les plus cannibales, n’en sont jamais venues A dévorer les leurs. Les pharaons, imbus De leur éternité, s’ils ont sacrifié Des peuples entiers à payer le tribut De leurs pyramides, n’ont pas, momifiés, Gagné l’éternité. A quoi donc peut rimer La passion d’avoir, ainsi statufiée ? Je préfère être, plutôt que de mimer.