Vos
poèmes

Œdipe sans mère, au fonds de mon puits,
Nulle lumière.Piladelphe, mon oeil
Ne lira plus jamais. Et ma vie s’enfuit.

Après Callimaque dont je porte le deuil
Qui cueillait au fil du calame la soie
De ces mots étrangers aux parchemins d’accueil

Semés sur ma table, j’ai vécu dans la joie,
Dans le bonheur parfait de jours immobiles,
Peuplés de mes idées qui encore rougeoient.

Frères grecs de Théra, sur les mers habiles,
Vous avez arpenté la largeur du monde
De Rhodes à Thulé, d’Ierne à l’île

De la Taprobane. La terre est ronde.
Après moi, qui doute ? J’ai mesuré l’angle
Et les rayons distants dont l’éther abonde.

A mon calendrier, j’ai serré la sangle
De l’histoire de Troie jusqu’à ce jour d’hier.
Au dessin des cartes, en cadres rectangle,

J’ai enclos l’univers et jusqu’au Nil fier.
Mes droits méridiens sur mes parrallèles
Ont jeté leur filet. Au quart et au tiers,

J’ai coupé les cercles en claires ficelles.
J’ai passé au crible les nombres premiers.
J’ai assouvi mes faims et ma vie fut belle.

Je souffle la lampe. Vous pouvez m’oublier.