L'avenir au présent
L'avenir est ici, maintenant,
Enfermé dans l'instant.
Un lent élan du sang
Qui s'étale et s'étend,
Qui reflux et reprend
De la mer vers l'étang,
Du soleil vers les champs,
Puis se rend
Du chemin vers l'arpent,
Puis clairsème les rangs,
Et éteint tous les chants,
D'Occident, d'Orient,
Dans les souffles du vent,
à la marge, à son temps.
Sans
Cette mère qui nous tend
De son ventre l'enfant,
Sans
Ce vainqueur qui s'éprend
De l'ombre, haletant,
Sans
Ce quidam sur la route qui errant
Ni les cris ni les rires n'entend,
Sans
Ces voix, dix, vingt, cent !
Qui ajoutent et y mêlent leurs accents,
Sans
L'effort dans nos veines, violent,
Qui la vie donne et puis prend,
Sans
Cette voile comme après l'ouragan
Qui au bout de sa corde pend,
Qu'ils sont vides ces écrans,
Qu'ils sont gris ces passants,
Ni beaux, ni méchants.
Sans répit, même grand,
Même immense, dix mille ans !
Parcouru à grands pas de géant,
Maintenu sous la pierre du gisant,
Refusant le grand soir et niant le néant,
L'avenir, ô crois m'en,
L'avenir toujours se conjugue au présent.