Je veux trancher ma vie à l’eau d’un diamant. Au soir parvenu, je tirerai la porte, Sans regrets, sans remords. J’aurai été l’amant Sans être l’apôtre de mes amours mortes. De l’éternel retour, j’endosserai la soie, Jamais brodée d’oubli. Avant que je sorte Je rêve d’un banquet pour l’ultime des fois. En route, parti devant, abdiquer ma place Sera l’élégance d’un seigneur à sa loi. Je veux finir ma vie à l’éther d’espace. Les plaines du ciel, foulées d’un pas léger, Exhaleront l’encens de l’instant qui passe. Au bas de mon contrat, l’accord de viager Sera d’éternité. Je boirai la cigue Pour goûter mon plaisir, pour ne rien changer. Je veux les pleurs amers et la peine aigue Des veuves éplorées. Pour mon envol d’azur, J’espère l’orchestre de séraphins dodus. Je veux bannir la mort au cortège impur De mon enterrement. Que ce jour radieux Soit l’avènement de ce règne moins dur Qu’on promet aux vivants au nectar des Dieux.