V. Une telle mère se doit d’avoir fille. La pâle Virginie s’est découverte tôt La passion folle du cuir qui brille Et des doux fumiers où grandit l’asticot. Elle saute matin quand le petit jour point Du lit à la stalle pour donner son aide Aux serviteurs zélés. Au chaud dans le foin Elle apprend de la vie le plus doux remède. Raymond s’est entiché de sa peau de velours. Lui le grand prudent à prudence est sourd. Il se dit souriant qu’Amour est revanche Quand il jette parfois dans la gueule du loup Les agneaux du maître, parfois son oie blanche. A la morale fric, les principes du flou.
VI. Mais non, me direz-vous, cette fable bête N’est plus du goût du jour. Elle est d’un autre temps. Raymond et ses maîtres, tout est obsolète. A rimer pour rien, on oublie le Printemps. Je ne suis pas sûr. Voyez vous, je crains Ces vers trop éternels pour n’être aujourd’hui Comme jadis hier de vérité empreints. L’argent et sa cohorte, toujours reproduits, Trimballent les échos de ces turpitudes. Jockey de métier, las d’incertitudes, Vous connaissez Raymond, l’ouvrier ménager. Il pointait en chômeur quand par très grand hasard Il croisa le chemin d’une dame âgée. Et seul maintenant il suit son corbillard.
VII. Je crois avoir conté la fin de la dame Dans un autre texte, d’un mot Canicule Qui est le titre de ce moderne drame, Puisqu’ ainsi la misère s’intitule. Remplacez le jockey, remplacez le cheval, Oubliez le sujet pour lire la fable. La science aux uns, mais pour le capital Le partage n’est jamais vraiment équitable. Il serait vain pourtant d’y chercher morale. Ce n’est pas un grand cri, à peine un râle. Vous connaissez Raymond, le palefrenier, L’homme de métier sans talent que l’espoir. Ils sont des légions et pourquoi le nier Ils aiment à rêver qu’existe un grand soir.