Le paradis blanc
Du chanteur rejoindrai-je le paradis blanc ?
Le chant des baleines, le temps immobile
Qui vous fige le cœur et y caille le sang,
Et qui de vie lasse et sans aucun mobile
Devient assassin et dévore le talent.
Le chant des baleines, cri de la sibylle,
Qui perce leur cœur et sépare les amants,
Quand le sincère passe et demeure l’habile,
Que l’ailleurs nous attire et qu’alors on se ment.
Les Anciens exilèrent vers la Baltique,
Mornes plaines glacées de ce paradis blanc,
Le péril, l’angoisse, la peur des éléments.
Mais Borée y éclaire un monde féerique,
Que ISIS, la fée, peuple de tous ses enfants,
Les elfes, les lutins, les princes élégants.
Le guerrier revêt l’armure sous le ban.
Le chant de Walhalla, cet instant si fragile
Qui réunit Dieux et chevaliers vaillants,
Avant que le corbeau de ses sauts si agile
Ne rejoigne la table et n’y boive leur sang.
Le chant de Walhalla, un battement de cil,
Dure l’éternité et laisse sur le champ
Quand après la bataille les corps s’empilent,
La rumeur cessant, le silence qui s’étend.
Comprends tu que j’hésite entre Nord et Sud,
Entre paradis blanc et plus de dix mille ans
Que nous chanta Nino dans son été brûlant ?
Au Royaume de Thulée l’hiver est rude.
Mais ISIS, la fée, l’anime de ses élans
Et nous le rend aimable, clair et souriant.
Je connais une sirène scandinave
Qui occupe mes pensées et m’a fait l’esclave
Des fjords d’Islande où couve encor la lave,
De ces tourbières que la pluie délave,
Des drakkars vikings à la terrible étrave.
Faut-il donc qu’elles soient fortes, ISIS, tes images
Pour qu’ainsi elles tourmentent, qu’elles ravagent,
Tout, cette âme pure et ce cœur si sage,
Allumant au feu brûlant de leur passage
La passion de lire tes vers, goût sauvage
Qu’inspirent tes ancêtres en marge des pages
Que tu livres ainsi au poids des suffrages
De tes adeptes. Ils te rendent hommage.
Comme des marins attirés au rivage
Par les feux de ces pirates scandinaves
Ils coulent à pic et folie les naufrage.
Je connais une sirène scandinave,
AMIE, qui au son de fabuleux mirages
A pris mon cœur, n’en a laissé que l’épave.