Vos
poèmes

Ma route me guida au bord de Marina
Où l’espace parfait s’élève au marbre
Des falaises que mon frère imagina.

A l’horloge des fleurs, à l’ombre des arbres,
Quand ivre de soleil, passiflore étend
Des lamelles cyan, s’éteint le cinabre

Des ronds anagallis. En mesure des temps,
Le long lys d’un scilla ouvre sa corolle
Au mauve délicat et délicat autant

Que le nacré calice, plus blanc que l’étole,
De l’arenaria qui referme ses doigts.
Qu’au déclin du zénith, un rayon engeôle

Le pâle liseron, le silène déploie
Alors, beau compagnon, ses blanches pétales.
Le nénuphar s’enclot au rythme de la loi

Qui défroisse la soie et au soir étale
Les cent mirabilis, ces belles de nuit.
Peut-on croire, mon frère, qu’avance, fatale,

L’heure des criminels ? Est-ce là le bruit
De leurs bottes, leurs pas ? Au jardin de Linné,
Les fleurs se sont fermées, la chaleur s’enfuit

Et s’avance l’effroi, d’un charbon dessiné.