Dans le petit matin, je traversais la cour De ce grand bâtiment où dormait encore Une armée au repos, sans trompe ni tambour. Au carré du ciel, je voyais éclore
Des nuages de lait, tout tâchés de café, Et quand je poussais la porte de l’office Le silence planait en lourd autodafé Au bûcher du soleil qui d’un feu d’artifice
Faisait flamber le plomb des carreaux opaques. Les fenêtres brûlaient au poids de l’attaque Et par grandes plaques, la nuit refluait.
Du fourneau s’exhalait l’odeur torréfiée Des mokas argentés dont les jus confluaient Dans les tasses enflées, aux cœurs liquéfiés.
II.
Je sortais de nouveau à l’instant où passent Les spectres éblouis, lents bouts de nuit Avalés par le jour et quand tout l’espace Les bannit sous terre aux puits d’ennui.
L’air était si léger et dans son goût mouillé J’étais immobile. Rumeurs cristallines, La terre s’exhalait et venait barbouiller Ma figure froissée de sa sueur fine.
Je priais l’Olympe. J’aimais les histoires Que les livres usés, pareils aux grimoires, Rangeaient en chapitres que ma mère lisaient
Un par un chaque soir, pour ma récompense D’avoir été sage et sa voix irisait Aux reflets, fers sur fers des armes, la danse.