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Jean L INFONTE

Les patates II

III.

J’attendais ce moment où de son chant menu
La belle Francine viendrait dans mon cou
Murmurer le rappel. Tous les jours le menu
Des ouvrier ventrus, suspendu à son clou,

Affichait l’absolue, la seule patate,
Ou pressée en purée ou baignant dans le suc
De sauvages gigots. Pour peler la rate,
On m’avait embauché, comme le roi des trucs.

D’une main habile, sur les tubercules
Je traçais des sillons, l’œil au monticule
Et sur la pendule pour battre le record

Des héros de pluche. Car j’attendais enfin
Pour prix de mon score, pour gain de mon effort,
La coupe vermillon d’un baiser sans fin.

IV.

Taquine soubrette, Francine s’employait
En son âge parfait, grande fleur fragile,
Pour poser son baiser, de son buste ployée,
A me faire admirer les pointes d’argile

Piquées sous le tricot de son blanc tablier.
Ma langue s’empâtait en couches de plâtres
Et quand elle m’effleurait, j’avais tout oublié
Même la longueur du nez de Cléopâtre.

Sa main me caressait l’ovale de la joue
Et à recommencer, je le dis, je l’avoue,
J’aurais pu attaquer, au feu de ma hâte,

De mon couteau dressé, d’un seul, oui d’un coup
Le trépas programmé de mille patates,
Pour fantasque puceau, l’embrasser dans le cou.