Compte, Tokaido, cinquante trois haltes. Traverse Kuwana, tout l’estuaire bleu, Au blanc pur des voiles sur rives d’asphalte D’un matin de soleil. A Shono, queu leu leu Sous la pluie blanche qu’auréole l’oban D’un automne jaune, siffle un vent frileux. Dans le jour apaisé, sur le sable des bancs De Susaki, les vues d’Edo sont aussi célèbres Qu’un point d’huître, attaché aux haubans. Sur Kisokaido, compte la funèbre Marche en stations, en tout soixante neuf. Il neige à Oi de pâles ténèbres. Contemple la lune et les érables veufs. Couleurs o-tanzaku, coulez aux chutes d’eau D’un métal de cristal. La lune est un œuf. En province d’Awa, tout prés de Naturo, Les rapides tournent puis tourbillonnent. L’écume s’émousse, aux rochers, tout en haut. Les érables flamboient, à Mawa, l’automne. Il me faudra cent vues pour admirer Edo. Aux gorges du Kiso où l’hiver s’abonne, Les glaces s’embâclent aux roches, sur les dos. Le silence guide le soyeux que trempent Les larmes des yeux, à ses cils en rideaux.