Vos
poèmes

Je t’en prie, n’aie pas peur. Je sors de ma tombe
Pour pouvoir rêver. Je m’évade d’enfer.
Je partirai avant que le soir ne tombe.

De mes plaies ouvertes, j’ai déjà tant souffert.
Immolé sur l’autel, au pied du cercueil,
Je sens encore le froid de la lame du fer.

Je ne suis pas mort mais je porte le deuil
De mon éternité et la plénitude
De son étendard noir. Noirs roses ou glaïeuls,

Je les déposerai sur ta solitude
Sans rompre le charme, sans faire de bruit
Sans voir ton dédain ni ton ingratitude,

Sans tout ce tapage qui va et enduit
Le monde entier, prison de courtisans,
De vils usuriers que la terre produit

Quand elle se lasse de porter des géants,
Quand elle préfère le talent enrhumé
De frêles paltoquets et leur sirop gluant,

Des artisans poussifs et leurs vers emplumés,
Qui m’immolent sur l’autel de l’ hécatombe
En fumant de la paix leurs sales calumets.

Je t’en prie, n’aie pas peur. Je sors de ma tombe
Pour pouvoir t’aimer. Je reprendrai mes fers..
Je partirai avant que le soir ne tombe.

De mes plaies ouvertes, j’ai déjà tant souffert.