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Jean L INFONTE

Terza rima

Les joueurs engagés disputent la partie,
Sur l’échiquier de jours et de nuits.
La foule s’assemble, déjà elle prend parti.

L’un pousse son fou blanc ; le roi noir s’enfuit.
D’un roque, la tour noire abolie à son flanc
Couvre leur retraite. La pâle reine suit.

Le plus jeune adversaire sourit, se détend.
De l’autre qui d’un geste saisit sa dame,
Son œil exercé comprend l’art en mouvement.

Sa main a jailli dans l’éclair de la lame,
Il porte son coup là sur la case foudroyée
Où la reine surprise abandonne son âme.

L’assaut du plus âgé sous le coup doit ployer.
Il recule sous l’offense. Un goût de mort
Lui monte aux lèvres. Non, ne pas s’apitoyer !

Il contemple sa dame. Il maudit le sort
Qui lui enlève sa raison de vivre,
Décide de l’issue et lui donne les torts.

Il lève la tête et de son regard ivre
Il défie les amateurs qui murmurent.
Il baisse son roi blanc et aux noirs le livre.

Il sort de l’enceinte et en rase les murs.
Il attendait ce jour où plus jeune que lui
Trouverait près du coeur la faille dans l’armure.

Eteignez le soleil et la lune qui luit,
Sur l’échiquier de jours et de nuits
Sa Dame est partie, il reste seul, lui.