Chaos et Nyx
La vocation du poète est d’être sur Terre le miroir du Monde.
Les événements quotidiens n’altèrent pas sa mémoire féconde.
Il naît certes sans savoir que la prescience d’un Ange tutélaire
Va lui souffler dès sa naissance une inspiration ici nécessaire.
Le Menhir des ancêtres bretons dresse sa solitude millénaire
Vers un Ciel qui ne répond jamais, situé trop loin de la Terre.
Les inventions et les découvertes se lisent en quelques lignes,
Aussi vais-je aller à l’essentiel de la Vie d’une manière digne.
Le soir, la nuit, sont propices pour vous dire combien atomes
Et énergie s’associent enfin pour rassembler des idées fantômes
Et je m’en vais, m’absentant de moi-même, car Morphée vient
Ici me chercher. Il sera bientôt suivi d’Hypnos et c’est un bien
Beau cadeau que Dame Nature nous accorde dans ses merveilles.
Ils sont les Dieux du départ de la conscience jusqu’à notre réveil.
Hypnos a un frère effrayant qui attend son heure, car il s’appelle
Thanatos. Il est le véhicule d’un voyage sans retour vers le Ciel.
Les Oneroi, Hygie, Panacée, viennent pendant notre sommeil
Nous construire et nous naissons au matin différents de la veille.
Pour recueillir l’espace d’un moment l’attention de vos esprits
Occupés à des choses transitoires, je vous avoue que sommes épris
De cultures différentes, et cependant une interaction, en somme,
Nous permet des échanges fructueux ; elle est celle de l’Homme
Issu à l’image du Créateur ! Dans la culture qui nous rassemble,
Dans ces longs débats d’idées où nous échangeons ensemble
Des questions, des interrogations, les réponses sont sans fin.
Comme le sont les questions, car c’est le propre de l’humain
D’interroger l’Univers. Les galaxies si belles inondées de lumière
Sont observées maintenant par les physiciens, bien mieux qu’hier.
Elles nous donnent ces spectres lumineux que l’on décompose
Afin de percer les mystères que Yahwéh a celé en toute chose.
On peut avec Chandra, Spitzer, Hubble, Herschel,* dans la nuit
Les observer, et constater qu’une mécanique fabuleuse se construit
Dans le cœur des étoiles. Elles sont les fournaises qui créent la matière
Dont nous sommes faits. Le tableau de Mendeleéiev fut bien avant hier
Le fruit des étoiles, avant que la curiosité du petit Adam magicien
Ne l’autorise enfin à force de travail à percer des mystères anciens.
Les géants de l’esprit nous ont précédés ; Euclide, Ménélaüs, Euler.**
Avaient le ciel pour objectif et ne laissaient personne les faire taire.
Les Grecs pour lesquels le Nombre était là, caché ici en toute âme,
S’attaquèrent aux difficultés supérieures de la logique avec flamme,
Si bien que parvenus à des résultats, approchant tout près des Dieux,
Ils consignèrent par écrit leurs conclusions qui alors rendent radieux
Ceux qui aujourd’hui se penchent, le front pensif chargé de sueur,
Avec respect sur la pensée créatrice de leurs immortels prédécesseurs.
D’autres cultures, non moins captivantes, armées de leurs prophètes,
Structurent et organisent également le rythme changeant de nos fêtes.
Le soleil n’est pas plus centre que vertu et de vils gueux pleins de haine
Traînent leurs lâches cœurs sataniques comme ils traînent leurs chaînes.
Heureusement de très grands artistes, toujours à l’œuvre les meilleurs,
Nous donnent enfin à penser, et avec eux on oublie ici que l’on pleure.
Jean émile Moyne Escrivassier de la Boissière de Rosny,
• *Chandra, Herschel, Spitzer, Hubble, sont des laboratoires automatisés satellisés très loin en dehors de l’atmosphère terrestre.
• ** Mathématiciens célèbres
