Cachés, autant que faire se peut, Deux compères malicieux Écoutaient, silencieux, De bien tristes aveux. Prosper le roi blaireau, Tout triste et tout penaud, Une fois n’est pas coutume, Confiait son infortune A un sbire journaleux N’en croyant ni ses yeux Contemplant le piteux, Ni non plus ses mirettes Écoutant ses sornettes…
Abandonner, dites vous, Je n’en crois rien du tout ; Si, si, dit le fâcheux, Continuer je ne veux, Croyez le, foi d’ Prosper Si je mens, j’vais en enfer…
La nouvelle ébruitée Par les deux indiscrets Fit son petit effet. « Le roi va abdiquer Et la gente blaireau Aura un roi nouveau » Les uns assez ravis, Les autres plutôt marris.
Seuls quelques petits malins, Qui eux n’en croyaient rien, Se demandaient quand même, Y avait-il dilemme ? Un roi tout récemment promu, Aussi vite déchu… Est ce là racontars Difficiles à croire ? Les deux compères geais Ont certainement bluffé...
Allons voir maître hibou, Qui bien souvent sait tout…
Le hibou ne dit rien Sauf ce petit refrain :
- Lorsque le peuple a faim, Soit-il veau ou blaireau, Et qu’on le saigne trop Au profit de coquins, Ambitieux et malins, Il faut s’attendre à tout. Parole de maître hibou…