Une belle et grande mule, parée Tout comme ses congénères Sur le haut de son crane, d’une paire, Juchée tel un trophée, D’oreilles, droites dressées Dominant le sommet D’une tête,incapable de porter bonnet. Seule, au milieu de son pré Notre belle esseulée S’ennuyait, à longueur de journée Et rêvait sans arrêt En pensant au mulet Qu’elle aimait en secret Vint alors un beau jour Où, quoique l’heureux élu N’eut idée de la cour Que la belle, à son insu Se promettait de faire Vint voir la coquine Sans autres pensées arrières Que de voir sa voisine Sans même chercher à plaire Vue sa mauvaise mine. L’affaire, dès le début Prit un tour fâcheux Sans aucune retenue, La belle dévoila son jeu Au baudet bien têtu, Qui,d’un air grincheux La fort mal reçut. Regarde toi un peu Grogna le malotru Ta paire d’oreille,c’est affreux ! A croire que tu ne t’es jamais vu Vois tu,tu ferais mieux… Lors, Sans autre retenue, La coquette vexée Se mit à rigoler. Je n’saurais trop vois-tu, Ballot, te conseiller De cesser d’te moquer De ma paire d’oreilles Tu en portes de pareilles Et de son pas agile, Partit, vers l’enclos voisin, Oubliant sa rancune, Pour chercher fortune, Qu’elle trouva fort bien Chez un cheval plus fin, Qu’un aussi beau trophée Ne sut dissuader D’une façon aucune, Heureux de partager Cette nouvelle idylle...