Tel le laboureur, au milieu de l’automne, Qui prépare sa terre avant le long hiver Pour attendre semailles et temps où l’on moissonne, Le poète, sans cesse, cultive la matière Qui est celle du verbe minutieusement choisi, Fruit de ce qu’il observe tout autour de lui, Traduisant sa pensée pour en faire poésie, Sans savoir comment s’opère l’alchimie.
Il sait chanter l’amour, la haine, la misère, Ses sujets sont divers, il n’a jamais fini D’explorer de la vie les étranges mystères, Pour tenter d’en extraire les innombrables fruits. D’où vient cette addiction qui hante son esprit? Connaît-il lui même pourquoi est-il ainsi? Qu’importe sa réponse tant qu’il nous séduit Par son travail intense qui jamais ne le fuit.
Tente t-il de se taire, que la source profonde Qui abreuve son âme, très rarement tarit. Elle coule telle une sève, en produisant une onde Comme vagues océanes roulant à l’infini. Il en est prisonnier tout au long de sa vie, Surtout quand ses muses, qui quelquefois le fuient, N’ôtent cependant pas cette terrible envie, Que sa plume refuse de traduire par l’écrit…