Au coin de l’avenue, écoutez bonnes gens Le solo d’un manant devenu différent Un gueux chanteur de rue mendigot indigent Un oiseau migrateur au regard transparent Chantant qu’il a paumé tout ses mistrals gagnants
La gueule un peu fanée, ça fait près de vingt ans Qu’invité permanent au kiosque du pain sec Son habit de bohème s’élime au fil du temps Un quignon, un litron, l’aumône d’un kopeck Elargit un sourire à sa trogne métèque.
Au nombre d’un déni d’une éthique en déroute Pavant de vagabonds trottoirs et carrefours Et de belles intentions l’estivant du mois d’Aoüt Ce refrain envolé au gré de ses doigts gourds Est l’ultime rempart où son cœur s’arc-boute
En ce fossé creusé où l’air se fait si dur Soufflant la gamme au gré du vent Par monts et vaux, sous l’averse et l’azur Clamant sa liberté au carcan des vivants. Baluchon ballotté aux courants dérivants.
Le givre permanent brise comme un cristal Ce musicien des rues proposant sa romance Lançant l’accord perdu d’un vieux carnet de bal En notes oubliées issues de son enfance Où sa voix tend la main en toute indifférence.
A la brune, sous le porche abritant son squelette Il rend grâce à la fille aux yeux couleur pervenche Déposant une obole au fond de sa casquette. Il s’attarde un instant aux courbes de ses hanches Le ciel s’est étoilé, il reviendra dimanche.